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Un nouveau-né à la maison

Les coliques du nourrisson : d'où viennent-elles et comment les calmer ?

Des pleurs intenses, surtout en soirée

« Vers deux semaines Nolan, pourtant si calme jusque là, s’est mis à pleurer systématiquement le soir. Il était inconsolable et semblait vraiment souffrir. Nos bras le calmaient un moment, mais pas toujours. On a changé de lait, de biberon, rien à faire. On se sentait vraiment démunis… et aussi fatigués. Il y a eu des moments vraiment difficiles ! », se remémore Virginie, maman de Nolan, 1 an aujourd’hui.

Même si chaque bébé et chaque famille sont différents, ce type de témoignage trouve forcément un écho auprès de jeunes parents ! Et pour cause, les coliques touchent de nombreux bébés. Se manifestant par des pleurs et cris intenses, elles apparaissent généralement vers le 10ème jour de vie et disparaissent vers 3 mois. « Dans 98% des cas, elles surviennent le soir entre 17 heures et 23 heures », précise le Dr Popowski. Elles peuvent être accompagnées d’agitation, de pâleur, de rougeur, d’émission de gaz intestinaux, « mais parfois, il n’y a aucun autre symptôme, hormis ces pleurs ou ces cris de douleur ».

Pour autant, attention à ne pas mettre tous les pleurs persistants sur le compte des coliques. « Il faut toujours bien préciser le diagnostic, celui de coliques ne pouvant être qu’un diagnostic d’élimination », rappelle le pédiatre. On en parle donc à son pédiatre ou médecin traitant, afin d’éliminer toute cause organique, comme un reflux-oesophagien, une allergie alimentaire, une invagination intestinale.

Mystérieuses coliques...

Immaturité du système digestif, difficultés de digestion, immaturité du système neurologique, piste psychanalytique… : on ne connaît pas réellement l’origine des coliques. « De nombreuses hypothèses ont été soulevées. L’une d’elles, celle du psychiatre Spitz, mettait en avant un trouble de la relation mère-enfant. Mais l’expérience montrant que les coliques peuvent survenir chez des bébés semblant avoir un excellent rapport avec leur maman, cette hypothèse ne tient pas », estime le Dr Popowski. Rappelons que le Dr René Spitz était un psychiatre et psychanalyste américain (1887-1974), célèbre principalement pour ses travaux sur le développement de l'enfant de 0 à 2 ans, en relation avec sa mère.

Pour s’intéresser de près au sujet depuis de nombreuses années, le pédiatre a pour sa part retenu une hypothèse en particulier : celle de l’immaturité du système endorphine chez le nourrisson. « Notre organisme sécrète des endorphines pour nous empêcher de souffrir face à tous les phénomènes physiologiques. Or, entre la naissance et 4 mois, ce système n’est pas encore mature. Les nourrissons ont donc un seuil de perception de la douleur beaucoup plus bas que le nôtre. Ils perçoivent tous les phénomènes de la vie organique, et notamment les contractions de l’appareil digestif, comme une douleur ».

A cette hypothèse, ajoutons également celle des rythmes biologiques, également retenue par notre pédiatre. « Des travaux de chercheurs de Chicago ont montré que ces pleurs en fin de journée étaient liés à une dissociation entre l’état de veille et de sommeil. En cause, la sécrétion de l’hormone mélatonine, maintenue en mode « nuit » jusqu’à 3 mois environ », nous explique-t-il.

Etre patient… tout en répondant aux besoins de son bébé

De ces différentes hypothèses, on retiendra surtout ce dénominateur commun : à la naissance, le bébé n’est pas encore tout à fait « apte » à la vie sur terre. Après neuf mois dans le ventre de sa maman à l’abri du bruit, du froid, de la lumière, de la faim, de la douleur, il lui faut un temps d’adaptation. Adaptation passant par des pleurs traduisant son inconfort, voire sa douleur à être là, dans ce monde nouveau pour lui. 3 mois, 100 jours… : une théorie veut qu’après trois trimestres in utero, il faut un trimestre de plus au bébé – soit au total, une année – pour être tout à fait adapté à la vie sur terre. Ce qui est réconfortant avec cette théorie : les coliques ont une fin ! 

« Pour les coliques, il faut tout simplement attendre que le bébé grandisse ! », souligne d'ailleurs le Dr Pierre Popowski. Ce qui ne doit pas empêcher, en attendant, de répondre aux pleurs de son bébé. « Il ne faut jamais laisser un bébé pleurer, car ses pleurs expriment toujours un besoin. Celui de manger, de dormir, d’être rassuré ou d’entrer en interaction avec son entourage, rappelle le pédiatre. D’ailleurs, ces douleurs sont souvent calmées par les bras. »

Materner pour soulager son bébé

Porter son bébé quand il pleure ne fera pas de lui un bébé capricieux ! Répondre à son besoin de contact l'aide au contraire à se construire un socle affectif solide. Le portage en écharpe, le peau-à-peau, le bercement sont autant de gestes qui vont, sinon calmer sa douleur, le rassurer . « Les massages, pas forcément du ventre d’ailleurs, peuvent contribuer à soulager les coliques car ils favorisent la sécrétion d’endorphine », ajoute le docteur. 

« Chez nous, une seule chose a calmé Céleste : le câlin dans les bras », témoigne de son côté Margaux.

Le docteur attire également l’attention sur ce point : les premiers mois, évitez de voir trop de monde, d’aller à droite à gauche. Ce temps d’adaptation pour le bébé l’est aussi pour les parents, et pour cela, rien que mieux que de rester tranquillement à la maison à cocooner.

Le coup de pouce de l’homéopathie

Les granules homéopathiques peuvent aider à passer ce cap délicat des coliques. La prescription « magique » du Dr Popowski : Aconit ou Opium, deux remèdes homéopathiques qui font sécréter des endorphines. « Leur effet est parfois spectaculaire sur les coliques ! », observe l’homéopathe.

En pratique :

  • si votre bébé n’est pas constipé : Aconit 9 CH, 1 granule 4 fois par jour, jusqu’à ce que les coliques disparaissent ;
  • s’il est constipé : Opium 9 CH, 1 granule 4 fois par jour, jusqu’à ce que les coliques disparaissent.

Si ces remèdes ne fonctionnent pas, on optera pour d’autres plus classiques choisis en fonction du tableau des coliques :

  • votre bébé est très irritable, a de violentes coliques améliorées lorsqu’il se plie en deux ou lorsqu’on lui appuie sur le ventre : Colocynthis 5 CH, 3 granules 2 à 4 fois par jour jusqu’à amélioration ;
  • ses coliques s’atténuent lorsqu’il est en extension, bras et tête en arrière : Dioscorea 5 CH, 3 granules jusqu’à 6 fois par jour pendant quelques jours, chaque fois que les coliques se manifestent ;
  • votre bébé souffre surtout pendant les repas, pendant lesquels il se plie en deux. Il a une diarrhée acide, verte : Magnesia carbonica 5 CH, 3 granules 2 à 4 fois par jour jusqu’à amélioration.

Le conseil en plus

Si vous avez de plus en plus de peine à supporter les pleurs de votre bébé, surtout, ne perdez pas le contrôle de vous-même, ne le secouez pas pour qu’il se calme : des lésions irréversibles peuvent se produire dans son cerveau. N'hésitez pas à en parler à votre pédiatre ou à la PMI afin d'être soutenue dans cette période, qui bien que transitoire, peut être difficile à surmonter. 

Journaliste spécialisée dans l'univers parental et la santé, également maman de trois enfants. Auteur de Qui va garder mon bébé (Tournez la page, 2013)....
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