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Besoins nutritionnels essentiels

Du lait maternel aux produits laitiers: les bons choix pour mon bébé

C’est une évidence de dire que le lait maternel est l’aliment prévu pour les besoins du nourrisson. Il représente son unique source de nourriture. Si vous ne pouvez ou ne souhaitez pas allaiter, des laits formulés pour répondre à tous les besoins nutritionnels de votre enfant vous seront conseillés à la maternité ou, ultérieurement, par le médecin qui suit l’enfant. L’introduction de nouveaux aliments à partir de 4 mois, ne signifie pas que le lait est superflu. L’apport quotidien, en grande quantité, d’un lait adapté reste fondamental pendant les trois premières années.

Une bonne alimentation est essentielle pour une bonne qualité de lait

Le lait maternel est l’aliment idéal, à condition que la mère s’alimente bien pendant la grossesse et tout au long de la période où elle nourrit son enfant. Une bonne qualité de lait implique :

  • de boire beaucoup d’eau.
  • d'avoir une alimentation riche en calcium, fer, supplémentée en vitamine D (et K).
  • d'éviter les allergènes, la caféine et de bannir l’alcool.
  • de prendre des compléments alimentaires, notamment en vitamines B12, si les femmes suivent un régime végétarien et a fortiori végétalien (sans produit d’origine animale).

Si, pour différentes raisons, l’allaitement n’est pas possible, le lait de vache ne pouvant être introduit qu’à partir d’un an, on utilise des laits en poudre, dérivés du lait de vache, conçus comme le plus proche possible du lait maternel.

Un lait différent selon l'âge de l'enfant 

Le lait n'est pas sélectionné au hasard. Il correspond à l'âge, la taille, le poids de l'enfant. 

  • Des laits spécifiques pour les prématurés
    Il existe des laits spécifiques pour les prématurés (« préma ») jusqu’à l’âge de 3 mois (ou 3 kg). Leur teneur en protéines et en oméga 3 est plus élevée. La teneur en lactose est allégée pour une meilleure tolérance par l’intestin. Tout est conçu pour optimiser la croissance, tout en tenant compte de l'immaturité de l’intestin, du foie, des reins.
  • Du lait premier âge jusqu'à 6 mois
    Votre enfant sera nourri au lait premier âge, enrichi en vitamine K et D, avec moins de protéines que le lait de vache.
  • Du lait deuxième âge entre 6 mois et 1 an
    Il passera au lait 2e âge. Ce dernier est enrichi en fer, acides gras essentiels, vitamine D, avec un ratio Calcium/Phosphore de 2 pour 1.
  • Du lait de croissance entre 1 an et 3 ans
    Les laits de croissance apportent davantage d’acides gras essentiels, de fer et de vitamines, en limitant l’apport de protéines et de sels minéraux. Ils sont enrichis en vitamine D.

Les laits « infantiles » pour la meilleure des alimentations

En un an, votre bébé va doubler sa taille, multiplier son poids par 3. La masse cérébrale va passer de 300-400 g à plus d’un kilo. Ses besoins alimentaires sont à l’échelle du développement de son organisme. On chiffre les besoins énergétiques du nourrisson de 80 à 100 kcal/kg/j (vs 30 à 40 kcal/kg/j pour un adulte). Une alimentation adéquate va lui permettre de grandir, de construire son système nerveux, ses défenses immunitaires, son squelette. Le critère du suivi est la croissance. Pour grandir, il va puiser dans le lait infantile de ses biberons :

  • Protéines
  • Sucres (lactose)
  • Acides gras (dont oméga 3 et 6)
  • Pré et probiotiques
  • Vitamines
  • Fer

Ni trop, ni trop peu. L’équilibre de la formule est adapté à chaque stade.

Le lait de vache ou le lait de croissance ?

Quelle est la différence entre le lait de vache et le lait de croissance ? La question est posée par de nombreux parents.

Le lait de vache :

  • contient 2 fois plus de protéines : cela fatigue les reins et favorise un éventuel surpoids ultérieur. Il apporte peu d’oméga 6 et presque pas d’oméga 3 (acides gras essentiels pour le développement cérébral).
  • a davantage de minéraux et deux fois plus de sel (fatigue rénale) 
  • contient 25 fois moins de fer. 20 à 30% des enfants de moins de trois ans manquent de fer dans les pays industrialisés. La carence en fer peut entraîner une moindre résistance aux infections, un retard de croissance, ou cognitif.

Mais, dans le lait demi-écrémé, la quantité de matières grasses est divisée par deux. Or, il ne faut pas réduire la quantité de lipides chez l’enfant. Si vous n’utilisez pas de lait de croissance, achetez du lait entier et des laitages au lait entier. Votre enfant n’a pas les mêmes besoins que vous. Jusqu’à 3 ans, vous proposerez entre 500 et 800 ml de lait à votre enfant par jour, sous forme de lait et de produits laitiers. Un yaourt équivaut à 100ml de lait, et 15 g de gruyère à 125 ml de lait.

Les laits spéciaux pour les bébés ayant des problèmes de digestion

Si votre bébé a des problèmes de digestion, votre médecin vous conseillera au cas par cas.  Les formulations répondent à certaines pathologies. Ne prenez pas l’initiative vous-même, prenez un conseil médical.

  • Les laits anti-régurgitation (AR)
    Épaissis avec de la caroube (qui accélère le transit) ou de l’amidon de maïs ou de riz (qui constipe), prescrits en cas de reflux.
  • Les laits hypoallergéniques (HA)
    Les protéines sont hydrolysées pour une meilleure tolérance. Ils sont prescrits en prévention du risque notamment d’eczéma.
  • Les laits sans protéines de lait de vache
    A base d’hydrolysat de protéines ou d’acides aminés. Ils sont utilisés en cas d’allergie avérée aux protéines de lait de vache.
  • Les laits sans lactose
    En cas d’intolérance au lactose. Le lactose est remplacé par un autre sucre, la dextrine maltose.
  • Les laits Transit
    Enrichis en lactose pour aider le transit.

Les laits « alternatifs », risqués pour bébé

Déconseillés par les experts

Des laits « alternatifs » connaissent une grande vogue tant en alimentation adulte qu’infantile. La substitution du lait par ces produits n’est pas sans risque pour l’enfant. L’Agence nationale de sécurité sanitaire de l’alimentation, de l’environnement et du travail (Anses) s’est saisie de cette question en 2013. L’expertise collective réalisée par le comité d’experts spécialisé « Nutrition humaine » a démontré que :

  • L’utilisation de ces boissons en complément peut entraîner un ralentissement de la croissance, une carence en fer, en calcium ou en vitamines.
  • Une alimentation exclusive par ces boissons en remplacement du lait maternel ou infantile peut entraîner une malnutrition sévère, des complications infectieuses. Des cas de décès ont été déplorés (dont un récemment, en Belgique).

Les laits végétaux, incomplets pour les nourrissons

Les produits évalués par les experts sont des boissons végétales improprement dénommées « laits végétaux » (amande, noisette, avoine, châtaigne, riz, soja), ainsi que des laits d’origine animale (chèvre, ânesse, brebis, jument). Aucune de ces boissons ne permet de couvrir les besoins nutritionnels des nourrissons. Elles ne sont pas conformes à la réglementation des laits destinés aux enfants de moins de 3 ans. Certains parents les substituent aux laits spécifiques pour des manifestations qu’ils attribuent à une intolérance, une allergie ou simplement par conviction.

Des carences néfastes pour le développement de l'enfant

Avant l’âge d’un an, toute carence peut avoir un retentissement sur la taille, le poids, le développement cérébral. Les répercussions sont d’autant plus sévères que l’insuffisance d’apport est précoce et prolongée. Certains cas extrêmes aboutissent à de la malnutrition, des désordres métaboliques sévères. L’enfant risque des complications infectieuses et même le décès. Entre 1 et 3 ans, vous devez éviter de les utiliser à la place du lait de croissance. Les carences en acides gras essentiels, en calcium et en vitamines pèseraient sur le développement de l’enfant. Si vous avez choisi d’éliminer certains produits de votre alimentation, n’en privez pas vos jeunes enfants. Ce ne sont pas des adultes en miniature, ils ont des besoins spécifiques pour leur développement et leur santé.

, Docteur en pharmacie
Docteur en pharmacie, Sylvie Roy a exercé en officine. A la suite d'une formation juridique complémentaire, elle a travaillé à la Direction Générale de la Santé, dans la sous-direction...
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