"De notre temps, les enfants étaient propres plus tôt" est une réflexion souvent entendue par la famille dont l'enfant tarde à aller sur le pot. Ce genre de propos instille (à tort) le doute chez les parents : et si leur bébé était en retard sur le plan de la propreté ? Pour relâcher la pression et encourager son enfant à devenir propre, voici quelques conseils d'experts.
La propreté de l'enfant, un "enjeu social"
"La question de la propreté est souvent un terrain conflictuel entre parents et enfant, au point de devenir un véritable enjeu social" analyse Eric Osika, pédiatre. En effet, la perspective d'une première rentrée en maternelle occasionne beaucoup d'attentes chez les parents "En soi, la première rentrée des classes en maternelle est difficile à aborder pour les parents en termes de changement de rythme, mais la nécessité que l'enfant soit propre le jour J s'ajoute au stress général" ajoute Gisèle George, pédopsychiatre. Si la période des 18/24 mois est l'âge où la propreté commence à s'acquérir, un enfant qui apprend à être propre aux alentours de 2 ans/2 ans et demi n'est pas en retard pour autant... Mais comment expliquer son refus d'aller au pot ?
Comment expliquer le retard de propreté chez l'enfant ?
Pour Gisèle George, plusieurs raisons expliquent pourquoi l'enfant ne parvient pas à être propre "dans les temps" :
- Certains enfants sont dans l'incapacité physique de se retenir et ne peuvent pas encore aller au pot : si l'enjeu est important pour les parents, l'enfant le ressentira et aura l'impression de décevoir. Malheureusement, ce dernier n'a pas de solution et son incompréhension face à cette demande insistante le bloque.
- Certains enfants, entre 2 et 4 ans, sont en opposition avec leurs parents. On parle alors d'une sorte de "mini adolescence"... Puisqu'ils peuvent désormais marcher seuls et s'exprimer assez clairement, ils refusent qu'on leur dicte ce qu'ils doivent faire. Aussi, ils n'acceptent pas qu'on leur demande d'aller au pot. Comme une petite rébellion avant l'heure !
- D'autres encore, sont dans l'empathie avec leur parents et absorbent leur anxiété. Aussi, ils se retiennent, font à côté... Une constipation chronique peut parfois s'installer.
Comment se débarrasser de la pression ?
- Les parents peuvent attendre jusqu'à début août pour enlever la couche de leur enfant. S'il y a encore quelques accidents début septembre, pas d'angoisse pour autant : ce n'est inscrit dans aucun règlement scolaire qu'il faille absolument être propre pour entrer à l'école.
- L'été avant la rentrée des classes est le moment idéal pour que l'enfant prenne conscience de son corps. Il se promène moins souvent en couche et ses nouvelles sensations physiques et nerveuses l'aideront à prendre conscience de ses envies (quand l'urine coule, par exemple).
- Mettre la pression autour de la propreté n'est pas la réponse idéale pour inciter son enfant à aller au pot : "La scolarisation qui approche entraîne une attente parfois trop forte chez les parents et démobilise l'enfant" assure notre pédopsychiatre, avant d'ajouter "Il ne faut pas hésiter à dédramatiser la situation et faire du passage au pot, quand c'est réussi, un petit moment propice aux félicitations. En revanche, si l'enfant n'y parvient pas, on s'abstient de commenter négativement". Ces encouragements ne devraient pas tarder à pousser l'enfant à se rendre sur le pot... comme un grand.
- Il ne faut pas hésiter à engager une petite discussion avec son enfant, paisiblement, en lui expliquant que faire "pipi et caca" est un signe de bonne santé et qu'il est impossible de tout garder en soi au risque d'être malade. Souvent, les explications permettent de désamorcer les peurs de l'enfant.
- Attention, si l'enfant ne parvient toujours pas à se rendre au pot et que ce passage à la propreté devient trop compliqué à amorcer, il ne faut pas hésiter à se rendre chez le pédiatre.
