Répandu aux États-Unis depuis quelques années, le coaching parental a traversé l’océan pour accoster en France. Depuis, cet accompagnement parental ne cesse de gagner en visibilité et intéresse de nombreux parents, des spécialistes de l’enfance et de la parentalité, des professeurs... Isabelle Filliozat, experte depuis 35 ans en psychothérapie et parentalité, a fondé en 2006 l'EIREM, une école proposant des formations pour former des professionnels au coaching parental. Mais au fond en quoi consiste un coaching parental ? Quels enjeux impliquent le coaching parental en matière d’éducation ? Quels sont ses champs d'action ? Réponses en 5 caractéritiques avec Isabelle Filliozat, Martina Proh, Manuella Lemarié-Dolédec et Virginie Limousin.
1er constat : contrairement à un psychothérapeute, le coach parental ne traite pas une pathologie
Contrairement à un psychothérapeute qui accompagne une pathologie ou un psychologue qui effectuera de nombreux tests lors d’un problème psychique, le coach parental va gérer un problème en fonction de ce qu'il voit et se posera toujours la question suivante « comment est-il possible de les accompagner ? ». Le coach parental prend par la main les parents « afin de les accompagner vers de meilleures relations. Le comportement difficile d’un enfant n’est pas forcément lié à une pathologie. Le coach va donc travailler avec les parents pour trouver ensemble une solution adaptée à la problématique. Il a pour rôle d'aider les parents à déculpabiliser et de leur apporter un soutien. En aucun cas le coach ne donne des conseils ou impose son jugement. Le coaching parental s’attarde sur les instants du quotidien. » explique Isabelle Filliozat. « Pourquoi mon enfant ne m'écoute pas ? Suis-je une mauvaise mère / un mauvais père ? » sont autant de questions que se pose un parent face à une situation difficile avec l'enfant. L’accompagnement passe par une écoute attentive, la proposition d’outils spécifiques comme le coloriage, la discussion pour résoudre la situation et le partage d’informations. Les parents comprennent ainsi mieux la source du problème. Le coaching parental s'appuie sur la théorie de l'attachement et des émotions et explique certains comportements par la science. Le but pour un coach est de comprendre autant l'enfant que les parents. Et de trouver des solutions centrées autour d'un objectif principal.
2e constat : le coaching parental est un accompagnement sur demande
Faire appel à un coach parental relève d’une démarche personnelle. Dans son cabinet, à l'extérieur ou en institut, le coach rencontre les parents et l’enfant afin de comprendre et d'analyser les signes de détresse au sein de la famille. Un coach parental peut intervenir dans toutes les tranches d'âges, mais ses principales demandes concernent généralement des enfants entre 1 et 10 ans ou des adolescents. Selon les difficultés du parent, le professionnel façonne son programme et prévoit en général une dizaine de séances entre 45 minutes et 1h30. Le prix d’une séance est déterminé selon le coach en fonction de ses critères et de sa géolocalisation. En moyenne, le prix varie de 40 à 100 euros la consultation (non remboursée). Le prix de la séance n'est pas le même si c'est une consultation en famille ou avec le parent seul. L'enfant n'est jamais vu sans ses parents. Le coach et le parent cherchent ensemble des solutions adaptées en proposant notamment des mises en situation.
3e constat : le coaching parental est approprié pour résoudre les situations du quotidien
Dans quelles situations faut-il faire appel à un coach parental ? Les situations peuvent être nombreuses. Lorsque la maman et/ou le papa sent que la situation lui écharpe, il ne faut pas hésiter à consulter un expert en parentalité. Voici quelques exemples où une consultation chez un coach pourrait vous aider à rétablir le contact avec l’enfant et retrouver un équilibre familial :
- Le mari n’a pas la même éducation que la maman et cela entraine des conflits et donc une mauvaise entente à la maison.
- Les parents divorcent.
- L’enfant cherche le conflit et n’a que le mot « non » à la bouche.
- L’enfant ne travaille plus à l’école et est violent avec ses camarades de classe.
- L’enfant ne veut pas coopérer à la maison et s’oppose à l’autorité parentale.
- L'enfant refuse de se nourrir.
La liste n'est pas exhaustive, mais correspond aux situations les plus courantes. Chaque situation est unique et n'aura pas les mêmes réponses.
4e constat : le coaching est utile aussi avant la naissance de l'enfant
Le coaching parental n'est pas exclusivement réservé aux enfants déjà âgés de quelques années. Avant même l'arrivée d'un enfant à la maison, il est essentiel de connaître les bonnes approches pour une éducation réussie et en douceur. Enceinte, la future mère se prépare à l'accouchement, au projet de maternité, mais n'envisage pas encore son enfant comme un être doté de sentiments et d'émotions. Ce passage de femme enceinte à maman est une étape cruciale qu'il ne faut pas négliger. La conception de la famille est importante dans le processus de parentalité, et le coach peut être la personne qui pourra informer les futurs parents. Les pleurs, l'allaitement, le langage de bébé constituent tout un apprentissage, que la mère ne connaît pas forcément mais que le coach peut enseigner.
5e constat : le coaching parental revisite la vision de l'éducation
Comment expliquer l’émergence du coaching parental en France ? La première raison, explique Isabelle Filliozat est « l’importance pour les futurs parents de construire leur propre famille. Ils souhaitent façonner le système éducatif qui leur convient. Le coach est alors la bonne personne pour donner des pistes et de l’information ». La seconde raison est liée au regard parfois négatif que nous portons sur l’enfant et à une incompréhension de son comportement. La science apporte des clés pour comprendre l'enfant. Nous savons depuis quelques années que lorsque l'enfant s'oppose à ses parents, c'est une zone du cerveau qui tend à se développer.
Portraits et méthodes de coachs parentaux
-Isabelle Filliozat, formatrice en parentalité depuis 35 ans, conçoit l'enfant comme "interelationnel"
« Je m’appuie beaucoup sur la théorie de Bowlby qui insiste sur le fait que l’enfant n’est jamais seul. Il est un être de relations, qui demande de l'attention et qui a des émotions. La science nous donne beaucoup de pistes pour comprendre le comportement de l’enfant. Lorsqu’un enfant est dans un état de souffrance, il suffit d’enlever l’écharde qui est coincée pour qu'il retrouve son équilibre. L'enfant doit s'épanouir, bouger, grimper dans les arbres. Le parent doit également le solliciter, jouer avec lui pour lui montrer qu'il est présent. Une bonne relation passe par le partage. »
>Plus d'informations sur www.filliozat.net
-Virginie Limousin, coach parental depuis 4 ans, adopte la méthode du positivisme
« Habituée à voyager dans l’humanitaire, je me questionne beaucoup sur la souffrance de l’enfant, sur les émotions qu’il peut ressentir. Je souhaite donc, à travers le coaching parental, développer l’empathie chez l’enfant. Pour moi, l’un des objectifs du coaching parental est de changer le regard que l’on porte sur le monde et de redonner à chacun sa capacité d’être heureux. C’est peut-être une vision utopique, mais c’est ma vision du coaching. »
>Plus d'informations sur www.virginielimousin.net
-Manuella Lemarié-Dolédec, coach parental depuis un an et demi, adopte la méthode du cousu-main
« J’aime beaucoup me donner des challenges et sortir des sentiers battus. Ma méthode de travail est de ne rien programmer, parce que je pars du principe qu’une situation se règle forcément avec l’aide de la famille. Je propose donc, selon la situation et la problématique, des outils spécifiques propres à chaque famille. J’essaye actuellement la méthode du journal créatif. Je propose aux parents et à l’enfant de tenir un journal intime et d’indiquer ce qui se passe en eux. C’est une sorte d’introspection, où il est possible d’écrire, de dessiner ou bien de coller toutes sortes de choses. Le journal est individuel et intime. »
>Plus d'informations sur www.manuella-lemarie-doledec.fr
-Martina Proh, coach parental depuis 4 ans, privilégie l'étude du comportement de l'enfant
« J’accueille tous mes clients dans mon cabinet et je travaille avec eux sur les difficultés qu’ils rencontrent. Le but est essentiellement de leur donner des informations sur le comportement de l’enfant, en proposant plusieurs pistes possibles pour résoudre le problème. Parfois, la solution au problème est très simple. »
>Plus d'informations sur martinaproh-psy.fr