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Interview

Isabelle Filliozat : les 5 clés pour devenir un parent positif et heureux

Isabelle Filliozat prône la parentalité positive

Depuis quelques années, nous entendons souvent des adjectifs mélioratifs pour parler de l’éducation et de la parentalité. Bienveillante, positive pourquoi cette nécessité aujourd’hui de parler de manière optimiste de l'éducation des enfants ? Pourquoi la qualifier ainsi ? L'harmonie familiale au sein du foyer semble être le but ultime pour un parent. Pourtant, il  n'est pas toujours facile d'y parvenir. Désobéissances, crises à répétition, l'enfant est un électron libre qui grandit et évolue à sa manière. Le parent, dépassé, se voit souvent contraint de subir les caprices et les colères de son enfant. Isabelle Filliozat, psychothérapeute depuis plus de trente-cinq ans et auteure entre autres du best-seller Au cœur des émotions de l'enfant (éd. JC Lattès), fournit des clés aux parents, désireux d'entretenir de bons rapports avec leur enfant. Elle fournit les clés de la parentalité dite positive et des outils pour renouer ce lien unique avec l'enfant. Cinq conseils pratiques et deux vidéos pour comprendre et écouter votre enfant sans vous laisser dépasser par lui. Adoptez la positive attitude !

1e clé : changer de regard sur l'enfant

L’enfant ne cherche pas à désobéir ou à peiner son parent. Bien au contraire. Les neurosciences changent notre perception. Hier encore, l'objectif des parents était de réduire les mauvais penchants de l'enfant. Celui-ci était perçu comme un être dont les volontés et le comportement étaient foncièrement pervers. Poser des limites, lui opposer des interdits était censé lui permettre de devenir un adulte responsable. Aujourd’hui, le paradigme est différent. La science nous dit que l'enfant n’est pas habité de pulsions, mais de besoins. Nombre des comportements interprétés comme des caprices dans l’ancien paradigme sont en réalité des réactions de stress, des réactions liées à l’immaturité cérébrale de l’enfant ou des comportements naturels d’attachement.

Le parent a tendance à projeter sur son enfant un cerveau semblable au sien. Or si le nourrisson possède autant de neurones qu’un adulte, ils ne sont pas encore tous câblés ! Le cerveau d’un enfant est en construction. Et nous savons maintenant qu’il se construit en relation avec son environnement. L’attitude des parents, les expériences précoces, façonnent littéralement l’architecture neuronale de leur enfant. L'enfant n’existe pas seul, c'est un être de relations. Ses comportements reflètent son état interne et ses besoins. Il est inutile de demander à un enfant un changement de comportement qui n’est pas sous son contrôle. La parentalité positive prend en compte ce que nous savons aujourd’hui sur le cerveau. Loin des «il faut, on doit», l’approche est pragmatique et efficace. 

2e clé : éviter la négation

Quand on ne comprend pas pourquoi son enfant réagit comme il le fait, on a tendance à se fâcher et à dire NON. Nous savons aujourd’hui que cette attitude parentale déclenche le circuit du stress dans le cerveau de l’enfant : attaque, fuite ou immobilisation. Instaurer une relation de pouvoir mène au dialogue de sourds et tout le monde est frustré. Dire Non à un petit est contre-productif. Son cerveau ne traite pas encore correctement la négation. Non seulement nous le mettons en état de stress, mais il cherche à s’approprier la consigne et donc fait ce que nous venons d’interdire, donc ce vers quoi nous venons de diriger son attention. Il le fait avec le sourire, parce qu’il cherche à nous plaire ! Le parent ignorant de cela peut  avoir l’impression que l’enfant «teste» les limites. Pourtant, comme l'explique Isabelle Filliozat dans cette vidéo, l'enfant ne recherche ni la provocation, ni le conflit. Ses comportements sont le fruit de son immaturité cérébrale. 

3e clé : éduquer sans autoritarisme

Les enfants d’aujourd’hui ne sont plus ceux d’hier. Ils sont souvent plus agités, moins concentrés, n’écoutent guère…  Certains en concluent qu’il faudrait revenir à plus d’autorité. Mais alors les parents se désespèrent et se culpabilisent parce que ça ne fonctionne pas ! En réalité, ces nouveaux comportements des enfants sont liés à l’environnement. Le stress de la vie quotidienne, le manque de mouvement et de jeux en extérieur, l'alimentation, les écrans sont autant de facteurs qui peuvent rendre nerveux, voir hyperactif. La psychothérapeute souligne l’évidence, l'autoritarisme sévère et austère n'est pas une solution, surtout quand l’enfant n’a pas le contrôle de son comportement. Il est crucial aujourd'hui d'en finir avec :

  • les punitions : le travail du parent est d’analyser ce qui se passe pour identifier le problème de l'enfant. Il sera ensuite plus facile de trouver un remède approprié. 
  • avec les cris : Nous crions par impuissance et automatisme. Nous avons tendance à utiliser une voix autoritaire pour faire peur à l’enfant, comme nous avons entendu nos parents le faire. Hélas la crainte n’enseigne pas. Au mieux nous obtiendrons une réaction d’immobilisation que certains peuvent prendre pour de l’obéissance… Car, surtout si l’enfant est auditif, donc ultra sensible au ton, crier sur lui déclenche le circuit du stress dans le cerveau et le corps de l’enfant.

Isabelle Filliozat explique, dans cette vidéo, l'impact de l'autorité sur l'enfant. Elle propose des idées pour parvenir à obtenir la coopération des enfants, une bonne entente et davantage d’harmonie familiale.

4e clé : savoir s'écouter et écouter son enfant

Un enfant, ça demande de l’énergie et de savoir réguler son propre stress ! Prendre soin de son corps et de son esprit : manger sainement, s’oxygéner, bouger… C’est nécessaire !
Les enfants écoutent… quand on les écoute. Nous avons besoin de développer nos propres compétences émotionnelles pour apprendre à accueillir leurs émotions, à les accompagner dans leur expression et à leur fournir des ressources et des idées pour calmer leurs réactions excessives.
Nombre de difficultés sont liées à une question de communication. Une situation conflictuelle peut avoir une fin heureuse rapide si nous utilisons le bon canal et des formulations que l’enfant peut comprendre.

5e clé : Avoir des outils ! La parentalité positive en propose de nombreux

Les outils de la parentalité positive sont efficaces ! Très rapidement, l'enfant ne sera plus le même. Tant le parent que l’enfant seront plus calmes, à l’écoute, les liens seront plus forts, Isabelle Filliozat rappelle 4 principes simples à appliquer chaque jour :

  • Utiliser des formulations positives : le cerveau des enfants, notamment avant 3 ans, ne sont pas encore équipés pour comprendre la négation.
  • Eviter le non catégorique : lequel déclenche l’opposition de l’enfant. Nous pouvons dire « oui et… », poser des questions à l'enfant ou réorienter ses objectifs.
  • Créer des routines : Elles donnent des repères à l’enfant; Les petits adorent les routines et les suivent volontiers. On peut alors demander «et après le pyjama, qu’est-ce qu’on fait ?» Plutôt que d’ordonner à l’enfant d’aller se laver les dents.
  • Manifester beaucoup d'affection à l'enfant : l'amour n'est pas une récompense mais une nécessité pour l'enfant.
Rédactrice et community manager, spécialisée dans le parenting....
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