Depuis quelques années, la pleine conscience et la méditation sont deux méthodes recommandées pour les enfants et les adultes, afin d'affronter des émotions vives et difficiles. Mais la méditation est bien plus que cela. Les enfants sont souvent les premiers touchés par ces ondes négatives. Stress, angoisses, peur ...l'enfant doit généralement les affronter seul. Pour l'aider à se ressourcer, à se connaître et à grandir, la méditation est une excellente solution. David Dewulf, médecin et auteur, explique pourquoi la méditation a un impact positif fort sur l'enfant, notamment sur son développement comportemental, psychologique et mental.
Pleine conscience et méditation, quelles différences ?
David Dewulf fait une distinction entre la méditation, « un terme qui rassemble des pratiques très diverses » et la pleine conscience. Cette dernière est une sous-branche de la méditation « qui propose des exercices qui peuvent s’intégrer dans le quotidien, qui augmentent la satisfaction et la qualité de vie ». Plus précisément, elle est « une méditation spécifique qui vise la prise de conscience, l'introspection, une approche très psychologie occidentale ». Cette méditation est donc particulière, car elle s'axe sur la concentration, la respiration, le scan corporel grâce à la pratique de nombreux exercices.
La méditation : un avantage pour les tout-petits et les enfants turbulents
Comme l'indique le spécialiste de la pleine conscience, « l'introspection se développe entre 3 et 5 ans. On nomme cela la Theory of Mind ». C'est pour cette raison que débuter la méditation au plus jeune âge provoque de nombreux effets positifs. L'enfant peut commencer à pratiquer la méditation à partir de 4-6 ans. Bien que la méditation implique une concentration et une attention particulières, David Dewulf insiste sur le fait que « l'âge détermine la durée de l'exercice. C'est la règle de base ». Pour des enfants souffrant d'une agitation mentale, comme les enfants à haut-potentiel et à haute sensibilité (TDAH) par exemple, la méditation est un excellent moyen de les aider à développer leurs capacités cognitives, tout en les calmant. Ils prennent ainsi conscience du monde extérieur et de ce qui les entourent (Lire aussi notre article Enfant hyperactif ou simplement (trop) agité ?).
La pratique de la méditation : des cours structurés pour développer la palette émotionnelle de l'enfant
Pour percevoir les premiers résultats de la méditation sur l'enfant, il faut, selon le médecin, environ 8 séances de 1h30.
Une séance contient 4 éléments
Une séance de méditation contient toujours plusieurs éléments. David Dewulf explique qu'une séance contient les thèmes et les exercices suivants :
- la découverte du monde extérieur à travers les sensations : des exercices où l'enfant mange et écoute.
- la rencontre avec l'instant présent en cultivant la sensibilité proprioceptive : des exercices sur les mouvements, la concentration, la respiration et le corps.
- l'expérimentation du monde à l'instant présent (nommée aussi Theory of Mind) : des cercles de conversation sont créés (avec des accessoires que les enfants apportent).
- le développement de l'amour bienveillant : un travail à réaliser sur l'enfant et l'adulte (Lire notre article : Isabelle Filliozat: 5 conseils pour devenir un parent bienveillant).
Des séances en institut, mais aussi à la maison
La méditation ne se pratique pas seulement dans un lieu clos avec un professeur ou un accompagnateur. De nombreux livres existent aujourd'hui et expliquent comment débuter ou continuer la méditation. C'est avant tout un travail personnel, intérieur, qui se pratique au quotidien. Comme l'indique David Dewulf, « il ne faut pas oublier que la méditation est une compétence. Plus nous pratiquons, plus les compétences et les résultats augmentent ». L'enfant peut aussi en réaliser à l'école, à la maison, seul ou avec des copains ou la famille. L'environnement dans lequel l'enfant vit à une très grande importance. Relaxation, bien-être mais aussi sérénité et épanouissement intérieur sauront accompagner l'enfant au quotidien. Même à court terme, les effets sont déjà visibles. L'enfant regarde le monde et s'ouvre à lui et à autrui.
Stimuler l'enfant : l'éveil des sens
De manière générale, le but de la séance est de créer une bonne ambiance, une atmosphère où les enfants se sentent en sécurité pour s'exprimer. Pour les intéresser, des figures, des histoires mythiques sont utilisées afin de leur rendre la méditation accessible. Plusieurs méthodes sont mises en place afin de stimuler l'enfant à participer à la méditation :
- la lecture d'histoires imaginaires par l'animateur : des personnages héroïques comme Maeglin le Luin, Raoul le Raleur ou Bea la Bavarde seront familiers à l'enfant. L'imaginaire reste, malgré tout, très réaliste, s'imprégnant de la réalité.
- des jeux ludiques et didactiques : des figures, des jeux de rôles sont réalisés pour les divertir.
- la création : l'enfant peut créer et façonner ce qu'il souhaite pour se représenter son univers, notamment en amenant ses propres accessoires.
- l'intervention : la prise de parole des enfants au sein de groupes de conversation leur permettent de s'exprimer et de divulguer leurs craintes et angoisses.
- des exercices : selon l'âge et le comportement de l'enfant, les exercices seront différents.
Un parent bienveillant et à l'écoute pour répondre aux besoins de l'enfant
La méditation ne se pratique pas seulement seul. L'enfant peut la pratiquer avec des copains ou en famille. Le rôle du parent devient essentiel selon David Dewulf. Accompagnateur, il peut « accueillir l'expérience de son enfant sans jugement et avec bienveillance ». Le parent peut être une aide pour l'enfant afin qu'il puisse s'exprimer, trouver les mots. L'expert en pleine conscience va même plus loin en insistant sur le fait que le parent peut montrer « ses propres expériences et créer un espace d'écoute et de lien ». Cette approche permet à l'enfant de découvrir le monde des sensations. Celles qui sont négatives peuvent être évacuées automatiquement, grâce à la méditation.
Concentration, prise de conscience, introspection développées chez l'adulte et l'enfant
Les effets de la méditation sur les enfants sont les mêmes que sur les adultes. On compte trois éléments principaux, propres à la méditation :
- la concentration
- la prise de conscience
- l'introspection
L'enfant et l'adulte ne l'acquièrent pas à part égale. David Dewulf explique cette différence ainsi : « L'enfant est encore en plein développement mental. Il doit atteindre un certain stade de maturité mentale pour percevoir des résultats ». L'enfant peut donc utiliser la méditation, comme un outil à son développement afin de gagner en confiance, autonomie, concentration... Les avantages sur la personne et sur autrui sont conséquents. Au niveau du comportement de l'enfant, le parent constatera qu'il est plus calme et attentif.
Pratiquer la méditation en famille : deux exercices faciles à réaliser
David Dewulf vous propose deux exercices faciles, à réaliser à la maison, en famille :
- La pause de respiration : couchez-vous sur le lit. Fermez les yeux et posez les mains sur le ventre. Sentez-vous la respiration qui fait bouger votre ventre ? Laissez cette respiration s'exprimer à sa guise. Ne la dirigez pas. Puis, quand l'enfant dirige sa respiration, que se passe-t-il ?
- Le câlin du cœur : mettez vos mains sur votre cœur. Dites « Je me vois », « J'entends », « Je touche », « Je sens ». Appliquez cette technique lorsque l'enfant est triste, fâché ou qu'il a peur. Vous pouvez accompagner cette technique avec des exercices de respiration et d'inspiration. L'enfant apprend ainsi à canaliser ses émotions et son sentiment négatif.
Les conseils de David Dewulf
De manière générale, n'ayez pas peur et soyez le plus curieux possible. Comme le disait Frank Zappa « Our mind is like a parachute, it's useless when it's not open ». La méditation en famille est une excellente thérapie. Donner de l'attention, de la bienveillance à son enfant, notamment en lui accordant du temps et de l'écoute, lui permet de se façonner et de grandir pleinement.