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Enquête

Pour ou contre les tablettes pour enfants ?

Pour ou contre, le débat est lancé  

A la rédaction, nous avons lancé un rapide sondage. Les avis sont très partagés. Il y a celles qui disent : attention danger, on se méfie : « Rien ne vaut le jeu traditionnel avec les bébés, il faut les préserver de l’envahissement technologique ». Et les autres qui sont pour, car : « Les enfants sont nés entourés d’écrans et ils doivent apprendre à vivre avec ». En gros, la fracture existe entre les ultra-connectées et les méfiantes. Le débat est lancé. Il mérite plus ample investigation.

Faites ce que je dis, pas ce que je fais

Tout d'abord, direction la Silicon Valley en Californie chez les professionnels de la technologie qui nous promettent monts et merveilles à chaque innovation. Offrent-ils un téléphone portable à leur bébé en cadeau de naissance et une tablette pour leur première dent ? A notre grande surprise, la réponse est non, comme l’expose un article du NY Times qui a fait grand bruit en 2014 : les geeks sont les champions du no-tech pour leur famille. Ils se méfient des nouveaux supports, voire les bannissent chez leurs enfants. Steve Jobs lui-même, inventeur de l’Ipad avait déclaré en 2010 que : « A la maison, nous limitons l'utilisation des gadgets technologiques. »  Les écoles les plus prisées de la région de Seattle diffusent un enseignement avec des livres imprimés. Des livres ? Vous avez bien lu, des livres. Pas des tablettes.

Des professionnels de santé de plus en plus réservés

Qu’en pensent les spécialistes de l’enfance ? Une tribune publiée le 14 septembre 2015 dans le journal Le Monde  par un collectif de psychiatres, psychologues, orthophonistes, médecins et enseignants a clairement alerté le public sur les effets de l'usage précoce et abusif de la tablette numérique. Une réserve à laquelle il convient d’ajouter celle de l’ANSES du 13 juin 2016, qui a confirmé sans appel les dangers des ondes électromagnétiques chez les enfants, ondes associées aux tablettes connectées. Ces critiques viennent ternir les conclusions un peu plus nuancées, d’un précédent rapport rendu en janvier 2013 par l'Académie française des Sciences, intitulé « L'enfant et les écrans ». Faut-il alors bannir les tablettes à la maison ? Pas systématiquement. Mais agir avec prudence, certainement. Une chose est sûre : avec le recul de quelques années, les conclusions  des experts concordent sur le besoin de poser des limites d’usage.

Les 5 règles d’or de l’utilisation des tablettes par les petits

En ayant compilé les différents rapports que nous vous avons cités, nous avons trouvé 5 règles d’or sur lequelles tout le monde semble d'accord aujourd'hui, pour éviter les abus nocifs des supports numériques chez les enfants.

1/Pas de tablettes connectées. Les rayonnements électromagnétiques sont dangereux pour les petits, car leur cerveau est plus poreux que celui des adultes. Donc : placer toujours la tablette hors-connexion et bannir les applications en ligne.

2/Pas d’utilisation avant 3 ans. La tablette n’est pas adaptée à l’éveil sensoriel et cognitif du tout-petit, qui a besoin de bouger, d’explorer, de manipuler et de toucher de véritables objets en 3 dimensions, pour se confronter à la réalité. Le psychologue Michael Stora résume : « Pour moi, avant 3 ans, « l’objet » avec qui l’enfant préfère avoir une interaction, c’est un de ses parents. » 

3/ Entre 3 et 6 ans, utilisation avec limites strictes. Ces limites sont principalement : utiliser toujours les tablettes en présence d’un adulte pour interagir, apporter du langage et encadrer les gestes ; pas plus d’une demi-heure d’affilée pour éviter déficits de concentration et problèmes de vision futurs ; jamais le soir au coucher à cause de la luminosité de l’écran qui altère le rythme de l’endormissement.

4/ Ne pas céder au culte de la performance. Ne choisir que des programmes adaptés à l’âge de l’enfant et ne pas chercher à le sur-stimuler. Michael Stora constate : « La tablette numérique est intéressante pour valider les acquis, pas pour les anticiper »

5/ Privilégier l’échange psychosocial. Les experts s’accordent tous sur le sujet : pour l’éveil et le bien-être du petit, rien ne remplace l’échange psychosocial et affectif avec de vraies personnes, qui doit rester le principe, la tablette l’exception. En symétrie, cela signifie qu’en présence de leurs enfants, les jeunes parents doivent aussi s’astreindre à limiter l’usage de leurs propres écrans, y compris de leurs smartphones, afin de privilégier une relation sereine, détachée de tout support digital.

Et vous, qu’en pensez-vous ? Avez-vous déjà acheté une tablette pour vos enfants ? Comment vivez-vous avec « vos » écrans ? N'hésitez-pas à donner votre avis dans notre page Facebook.

Olivia Phélip est directrice éditoriale d'Horay. Elle est aussi coach professionnelle certifiée....
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