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Réponse d'expert

Comment bien démarrer un allaitement et ainsi éviter les crevasses?

Peau à peau, bébé et maman, allaitement
Réponse d'expert
, Consultante en lactation   | Toutes ses réponses | Sa bio
Carole Hervé est consultante en lactation, certifiée IBCLC (International Board of Lactation Consultant Examiners). Son métier ? Permettre aux mères de vivre pleinement et sereinement leur projet...

Chère Madame,

Vous évoquez des difficultés au démarrage de votre allaitement et je suis triste de lire qu'elles ont amené des difficultés en cascade. Vous avez raison, on banalise la douleur de l'allaitement, et on a tendance à faire des commentaires à l'emporte-pièce, lesquels ne sont pas toujours justifiés. On ne répète pas assez que la douleur est un symptôme dont on doit identifier l'origine. Ce que vous décrivez montre bien que le partage de quelques notions clés ou bien qu'un accompagnement spécialisé aurait pu éviter l'enchaînement des difficultés.

Le positionnement de bébé

Parfois, il s'agit simplement en effet de revoir la position du bébé au sein. La prise du sein asymétrique est une des clés qui permettent au bébé de prendre le sein en profondeur sans léser le mamelon. Les mises au sein musclées peuvent générer un stress inutile aussi bien chez le bébé que chez la maman. Il est bon de rechercher des positions qui évitent tout type d'entrave. Je pense pour cela à la position dite de la madone inversée ou à celle du Biological nurturing® décrite par Mme Susan Colson. Or, ce n'est pas toujours suffisant. Il arrive que le bébé ne parvienne pas à bien étirer sa langue et à la maintenir sans efforts sous le mamelon. Lorsque l'on constate l'apparition de gerçures sur un sein plutôt que sur un autre, il peut être pertinent d'observer son bébé et de vérifier qu'il n'a pas un côté préférentiel (oriente-t-il plus facilement sa tête et son corps d'un côté par exemple ?). Si c'est le cas, il peut être juste d'en référer à un professionnel compétent (un ostéopathe, un chiropracteur, un kinésithérapeute ou un pédiatre).

Comment gérer les crevasses ?

Votre témoignage montre parfaitement bien à quel point on a tendance à minimiser les crevasses qui sont pourtant une cause majeure d'arrêt anticipé de l'allaitement. De récentes recherches montrent que les crevasses, notamment en post partum immédiat, créent une réponse inflammatoire propice à générer un état pseudo-dépressif. On comprend aisément qu'une mère se sente alors en proie à une fragilité telle qu'elle souhaite interrompre l'allaitement. Vous souhaitez savoir comment gérer la crevasse présente ? Vous devez, avant toute chose, calmer la douleur. De nombreuses mères parviennent à imbiber une compresse de lait maternel. Elles la placent sur le mamelon et la recouvrent de film alimentaire. Elles changent ce pansement humide toutes les heures. Cette technique a le mérite de favoriser une cicatrisation rapide et d'éviter la formation de croûtes. D'autres mères préfèrent appliquer de la lanoline régulièrement sur les mamelons. Chez certaines femmes, il sera bon d'opter pour un onguent pharmaceutique qui sera prescrit par un professionnel compétent.

Comment calmer une crevasse et préserver son sein ?  

Une autre option consiste à mettre les seins au repos de la succion du bébé, le temps de la guérison. La maman peut se procurer un tire-lait de bonne qualité et extirper régulièrement son lait pour conserver aux seins leur souplesse, les drainer efficacement, nourrir ainsi leur bébé et soutenir leur lactation. Elle peut parfaitement bien entretenir sa lactation en exprimant son lait manuellement. Il est bon de demander à un professionnel de vous montrer comment faire. Il n'y a pas de délai à respecter avant de commencer à tirer son lait quoi qu'en disent certaines idées reçues. Il est bon dans cette période de transition qui peut aller de quelques heures à quelques jours, d'éviter autant que possible de donner le lait recueilli au biberon. Certains bébés développent un réflexe de morsure tel qu'il devient difficile à leur maman d'envisager de remettre le bébé au sein en toute sérénité. Des alternatives existent, avec par exemple la seringue, la pipette, la petite cuillère, la tasse ou encore le D.A.L. (dispositif d'aide à la lactation maison ou bien le SNS®de Medela).

Favoriser le peau à peau pour l'allaitement

Pour faciliter la prise du sein optimale et indolore, on peut suggérer à une mère de placer son bébé en peau à peau contre sa poitrine, de s'installer elle-même confortablement (basculer le bassin, poser ses pieds sur un marche pied, caler son dos avec des coussins par exemple) avant de proposer le sein au premier signe d'éveil. Il est inutile d'attendre que le bébé soit très réveillé. De la sorte, elle aura plus de temps pour s'installer. Elle peut s'incliner en arrière et placer son bébé face à elle, les fesses du bébé à hauteur de son nombril. Et elle le laisse faire. Étonnamment, le bébé va alors ouvrir largement la bouche et prendre le sein tout seul et sans aide. On n'appuie pas sur sa tête, il dégage lui-même son nez et rentre le menton dans le sein. S'il s'est mal positionné, il va de lui-même se rapprocher et ouvrir la bouche encore plus grand. Et comme vous le rappelez très clairement, la tétée doit être indolore et le mamelon doit avoir une forme allongée et arrondie à la fin de la tétée. Si un pincement persiste, que le mamelon prend une forme biseautée, cela démontre qu'une attention plus fine mérite d'être portée à la mise au sein ou à la technique de succion du bébé. Il est bon alors d'en référer à un professionnel spécialisé.

En tout cas, bravo pour votre persévérance et merci d’avoir lancé ce cri du coeur qui j'en suis sûre résonne avec justesse chez beaucoup de jeunes mères. Le chemin de la maternité passe parfois par quelques embûches. Si votre situation ne s'arrangeait pas, il faudrait consulter votre médecin. Rassurez-vous, il y aura de toutes façons des solutions, pour vous et votre bébé. 

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