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Réponse d'expert

Sous pilule, j'ai appris que j'étais enceinte de deux mois: quel danger pour le foetus?

Femme à la fenêtre tenant son ventre
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Nicolas Dutriaux est Secrétaire général du Collège National des Sages-Femmes. Homme sage-femme diplômé d'Etat, il est également technicien en hypnose médicale.> Plus d'informations sur le...

 

 

Bonjour Cécile,

Le retard au diagnostic de grossesse n'est pas si rare, puisque un tiers des grossesses ne sont pas programmées dans notre pays - malgré l'accès semblant facile à la contraception. C'est donc son utilisation qui est compliquée et les oublis ou erreurs dans le suivi des contraceptifs sont fréquents. C'est pour cela, que la première règle dans le choix d'une contraception est qu'elle vous convienne ! Par ailleurs, même sans erreur d'utilisation, aucune contraception n'est efficace à 100%. La contraception hormonale utilise des hormones plus ou moins proches des hormones sexuelles pour mimer une grossesse. Dans votre situation, il s'agit de l'acétate de cyprotérone qui a une autorisation de mise sous le marché (AMM) notamment contre l'hirsutisme féminin majeur d’origine non tumorale (idiopathique, syndrome des ovaires polykystiques), lorsqu’ils retentissent gravement sur la vie psycho-affective et sociale. Il est aussi souvent utilisé contre l'acné chez la femme.

La pilule pendant la grossesse : quelles conséquences ?

Le résumé de caractéristique du produit (la notice) indique que ce traitement "n’a pas d’indication pendant la grossesse. Les études réalisées chez l'animal ont mis en évidence chez le fœtus mâle, un effet féminisant dose dépendant de l'acétate de cyprotérone." Son rôle étant de lutter contre les hormones masculines, "leur limitation chez un fœtus masculin peut donc en effet avoir des conséquences sur son développement, notamment sur ses organes sexuels". Toutefois, la notice est complétée par "En clinique, chez le fœtus de sexe masculin, on ne peut exclure ce risque en cas d’administration [...] après le début de la différenciation sexuelle (8 semaines d'aménorrhée jusqu'à environ 17 semaines d'aménorrhée). Toutefois, aucun effet de ce type n'a été rapporté à ce jour sur un nombre limité de grossesses exposées. Par ailleurs, aucune anomalie particulière des organes génitaux externes n’est décrite à ce jour chez la petite fille exposée in utero. En conséquence l’utilisation d’Androcur est déconseillée chez la femme en âge de procréer n’utilisant pas de mesure contraceptive. Il n’y a pas d’argument pour conseiller une interruption de grossesse en cas d’exposition accidentelle. Une surveillance prénatale des organes génitaux des fœtus de sexe masculin est recommandée."

Le Centre des agents tératogène (CRAT) précise quant à lui :

En clinique :

  • Les données cliniques publiées chez les femmes exposées à l’acétate de cyprotérone en cours de grossesse sont très peu nombreuses, mais aucun élément inquiétant n’a été signalé à ce jour, en particulier sur la sphère génitale.
  • Dans l’expérience du CRAT, aucune conséquence particulière n’a été observée à la naissance chez plus de 160 enfants exposés in utero, en majorité pendant la différentiation sexuelle (de 8 à 17 semaines d’aménorrhée) et quelle que soit la posologie maternelle.

De plus, vous avez stoppé le traitement à 2 mois de grossesse (donc justement autour de 8 semaines d'aménorrhée). Cela est un élément rassurant supplémentaire dans votre cas personnel. 

Surveiller sa grossesse

Quoi qu'il en soit, les médecins ou les sages-femmes qui réaliseront les trois échographies de surveillance de la grossesse devront être informés de cette prise médicamenteuse en début de grossesse, afin qu'ils soient encore plus vigilants qu'ils ne le sont déjà dans l'examen des organes génitaux, surtout si vous attendez un petit garçon.

Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à en parler avec votre obstétricien. Il sera vous rassurer.

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