Le périnée, un ensemble de muscle à chérir
On y prête souvent peu attention avant la grossesse et pourtant le périnée joue un rôle essentiel, pendant et en-dehors de la gestation. « Le périnée est un ensemble de 12 muscles qui contourne l'anus, le vagin, l'urètre, le clitoris et la vessie. C'est un socle extrêmement important qui soutient tout ces organes, participe au plaisir sexuel et garantit la continence, » rappelle Véronique De La Cochetière, sage-femme et spécialiste de l'ostéopathie intra-pelvienne. Or, pendant la grossesse, sous l'effet de l'imprégnation hormonale, du poids du bébé, de l'effort de poussée et évidemment du passage du nourrisson, le périnée perd en tonus d'abord, puis peut, lors de l'accouchement, souffrir d'une déchirure ou être incisé si une épisiotomie est indiquée. Résultat : une incontinence modérée peut apparaître, généralement après la naissance, voire, plus rarement, un prolapsus (chute d'organes) si le périnée n'a pas été correctement rééduqué.
Dès le début de la grossesse, prendre soin de son périnée
Heureusement, il est souvent possible de prévenir ces déconvenues... ou du moins de préparer son périnée à la naissance. Premier réflexe à adopter si possible dès le premier trimestre : privilégier une activité physique douce, qui renforce le périnée. Les sports parfaits à ce titre : le yoga et le pilates prénatal, qui mettent à l'honneur les exercices de rétroversion du bassin, de souffle et de verrouillage périnéal (grâce auquel on obtient le fameux « centre » en pilates), la marche ou encore la nage sur le dos. A contrario, tous les sports qui favorisent une pression sur le périnée sont à éviter : l'aérobic, la course à pieds prolongée ou encore le volleyball, le basketball ou le trampoline, ces derniers étant, dans tous les cas, vivement déconseillés en raison des risques de chutes ou de chocs.
L'astuce en plus
Pour préserver son périnée et éviter les contractions, mieux vaut éviter de porter des charges lourdes quelles qu'elles soient (courses volumineuses, autres enfants de la fratrie, musculation, etc.) et ce jusqu'à la fin des séances de rééducation du périnée !
Dès le 4ème mois de grossesse, se renseigner et s'exercer
À partir du deuxième trimestre de grossesse, les séances de préparation à la naissance permettent d'entrer dans le vif du sujet. Encadrées par une sage-femme, elles aident à mieux connaître ces quelques muscles bien mystérieux, mais aussi à les préserver. « C'est notamment lors de ces séances qu'on peut apprendre quelques exercices simples à réaliser sur un ballon qui peuvent non seulement faciliter la descente du bébé lors du travail, mais aussi renforcer le périnée, » explique Sophie Guillaume, sage-femme et présidente du Collège National des sages-femmes. Mieux vaut donc y prendre part aussi tôt que possible !
L'astuce en plus
Il n'est pas rare que certaines femmes (notamment les multipares) rencontrent des petits problèmes urinaires durant la grossesse. Aussi délicat soit-il, ce sujet mérite d'être abordé en consultation prénatale. En effet, « des séances de rééducation du périnée peuvent être prescrites en cours de grossesse pour limiter efficacement l'incontinence et les envies très pressantes d'uriner, » continue-t-elle.
A partir du 9ème mois de grossesse, les choses sérieuses commencent...
Dès 35 SA environ, il est conseillé de préparer le périnée plus activement à la naissance. Premier réflexe à adopter : le massage du périnée.« Dès le premier jour du 9ème mois, commencer par imbiber les doigts d'huile (de massage bio spécial périnée) puis placer le pouce en intra-vaginal et pincer la peau entre l'index et le pouce. Réaliser ensuite 10 à 20 mouvements de droite à gauche, » explique Véronique de la Cochetière. À pratiquer au quotidien, les mains propres, au calme et idéalement après votre dernier prélèvement vaginal pour vous assurer qu'il n'y a pas de risque d'infection. Pour aller plus loin, il est également possible, en alternance avec le massage (les lundis, mercredis et vendredis par exemple) de dormir avec un tampon imbibé de cette même huile. « En remontant au niveau du vagin, l'huile permet non seulement d'éviter bien des déchirures mais également de faciliter la dilatation du col, » rappelle-t-elle. N'hésitez pas à en parler à votre praticien.
L'astuce en plus
Si le massage du périnée vous met mal à l'aise ou que vous appréhendez l'accouchement, la sage-femme préconise d'acquérir une sonde Epino Delphine®. Reliée à un ballonnet que l'on gonfle chaque jour un peu plus, elle permet de distendre progressivement le périnée et de préparer ainsi très efficacement ces muscles au passage du bébé. L'inconvénient : elle coûte une centaine d'euros et n'est pas prise en charge par la Sécurité Sociale.
Après la naissance : le temps de la récupération
Mis à rude épreuve par l'accouchement, le périnée mériterait bien quelques semaines de repos... Et pourtant, il est important, s'il n'y a pas de contre-indication de votre médecin, de le refaire travailler tout en douceur dès la sortie de la maternité. Un exercice simple à réaliser au quotidien : « Une fois assise au bord du lit, inspirer, contracter la zone pelvienne en 3 temps en commençant par le sphincter anal, le vagin, puis le ventre. Puis, expirer au bout de 10 secondes, » conseille Véronique De la Cochetière. Ensuite, 6 à 8 semaines après la naissance, le rendez-vous post-natal sera l'occasion de faire un bilan avec votre sage-femme ou gynécologue qui vous prescrira des séances de rééducation périnéale (une dizaine en général) et vous apportera des conseils sur la technique qui pourrait vous convenir (biofeedback, rééducation manuelle, etc.). A noter : même après un accouchement par césarienne, la rééducation périnéale est vivement recommandée !
Attention !
Après la naissance, il est essentiel de ne pas sursolliciter votre périnée. Il est donc recommandé de ne pas recommencer le sport (hors piscine et disciplines énergétiques très douces) avant la fin des séances de rééducation. Identiquement, il est essentiel de ne jamais porter une charge plus lourde que votre bébé.