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L'histoire de la vie

Décrypter les signes qui annoncent une grossesse

Fotolia : Signes de grossesse

Le premier signe de grossesse : le retard des règles

Quand on est enceinte, on peut présenter certains signes de grossesse. Vous pouvez avoir :

  • des règles en retard. Il arrive parfois que l'irrégularité soit causée par certains évènements de la vie courante (stress, alimentation, ...).
  • des nausées
  • des vomissements
  • des envies d’uriner plus fréquentes
  • des seins tendus et douloureux

Si certaines femmes sentent précocément ces signes, d’autres mettent plus de temps à s’en rendre compte. Et ce n'est pas parce qu'on ne ressent pas ces signes que l'on est une mauvaise mère. La rumeur populaire attribue aux femmes enceintes des humeurs changeantes, voire des envies subites « de femmes enceintes », voire même des dégoûts prononcés pour certaines odeurs ou goûts particuliers. Alors qu’est ce qui est de l’ordre de la suggestion (puisque de mères en filles on est comme ça) et qu’est ce qui est vrai ? Bien difficile de s’y retrouver. Une chose est sûre, être enceinte joue autant sur le corps, que sur l'état psychologique de la femme. Attendre un enfant est un grand évènement, qui bouleverse et se prépare.

Des signes scientifiquement prouvés

Il y a cependant une vérité scientifique qui explique les profondes modifications du premier trimestre de la grossesse. L’inondation hormonale et tout particulièrement les taux élevés de progestérone (progestation, hormone de la gestation) entraîne des effets variables d’une femme à l’autre, mais très reconnaissables. La progestérone est une molécule qui est proche de la molécule de valium et elle a des effets semblables.

La progestérone, coupable de vos maux

La progestérone a de nombreux effets sur la femme enceinte, qui ne sont pas forcément très agréables :

  • elle donne envie de dormir.
  • elle ralentit le péristaltisme intestinal. On se sent donc ballonnée voire constipée.
  • elle peut rendre triste et même donner l’impression que l’on est déprimée.
  • la femme peut se sentir découragée, désemparée, avoir l'impression qu'elle n’arrivera à rien. La larme à l’œil arrive facilement.
  • elle donne la sensation qu'on est dévastée au moment de l’annonce de la grossesse. On peut même prendre une mauvaise décision dans la précipitation, sous l’influence de la progestérone.
  • la circulation sanguine augmente, à la suite d' un taux élevé de progestérone. Ce sont des symptômes similaires à ceux observés en deuxième phase de cycle, quand le sang augmente après l'ovulation suite à son effet. On nomme cette action le syndrome pré-mensuel.

2 méthodes pour savoir si vous êtes enceinte

- Faire un test de grossesse

En cas de doute sur la grossesse, les tests par dosage urinaire de l’hormone de grossesse (ßHCG) vendus sans ordonnance en pharmacie peuvent aider mais peuvent être faussement négatifs en tout début de grossesse. On conseille donc habituellement d’attendre 10 jours de retard de règles avant de faire le test. Le dosage sanguin de ßHCG permet d’être sûr de la présence d’une grossesse dès le 9ème jour après la fécondation (donc avant même le retard de règles).

- Réaliser une échographie

Enfin, à un stade plus avancé, l’échographie permet d’attester définitivement de la grossesse par la visualisation directe de l’embryon et de son activité cardiaque. Il n'est pas encore possible de savoir le sexe de l'enfant, mais cette première échographie permet de savoir si le bébé se développe correctement.

Le déni de grossesse ou la grossesse inconsciente

- Double mécanisme de la grossesse 

Lorsqu’une femme ne se sait pas enceinte, alors qu’elle a dépassé le 3ème mois de grossesse, on parle de déni de grossesse. Cette pathologie est connue depuis plus de 2 000 ans puisqu’Hippocrate parlait déjà des "grossesses inconscientes". La grossesse dans l’espèce humaine comporte un double mécanisme :

  • la grossesse physique : le développement physique de l’embryon puis du fœtus dans l’utérus de la femme
  • la grossesse psychique : le développement de l’imaginaire de la femme autour de l’enfant à venir.

Le déni de grossesse ne doit pas être confondu avec une grossesse cachée où la femme se sait enceinte, et, pour des raisons personnelles, ne veut pas que cela se sache.

- L'occultation de la réalité liée à une souffrance psychologique

La cause du déni de grossesse est toujours psychologique, reliée à l’histoire de la femme, que celle-ci soit connue ou enfouie et refoulée. En effet, ne pas se rendre compte de tous les symptômes qui surviennent en début de grossesse ou les interpréter tous comme ne provenant pas d’une grossesse, c’est d’une certaine manière occulter une réalité qui, pour une raison ou une autre, provoque une importante souffrance psychologique. Cette souffrance est accrue par l’incrédulité que suscite le déni de grossesse dans la société en général. Le moment de la découverte de la grossesse par la patiente est souvent lié au hasard plus qu’à l’intensité de la pathologie psychique. Non traité, le déni de grossesse peut se reproduire lors d’une grossesse ultérieure, les mêmes causes entraînant souvent les mêmes effets.

- Grossesse nerveuse et déni de grossesse

On parle de grossesse nerveuse quand il n’y a qu’une grossesse psychique et pas de grossesse physique. On parle de déni de grossesse quand il n’y a qu’une grossesse physique et pas de grossesse psychique. Le déni de grossesse n’est qu’un symptôme, qui contient plusieurs cas possibles.

- Traiter en profondeur la pathologie psychologique de la femme

Il faut noter la grande fréquence de la maltraitance, en particulier sexuelle, dans l’histoire de ces femmes. Il y a presque toujours une altération des représentations sur le corps, la féminité et la reproduction. Le gel des affects et la carence des liens avec la mère ne sont pas rares non plus. Le déni de grossesse doit donner lieu à une prise en charge psychologique d’excellente qualité, car il se situe au coeur de la relation mère-enfant, qui risque de ne pouvoir exister, surtout si le déni s’est poursuivi au cours des 2ème et 3ème trimestres de la grossesse. Ce traitement psychologique a aussi pour objectif de prévenir la récurrence de cette véritable pathologie, où les femmes et leur entourage sont toujours profondément dépassés par leur histoire. 

> N'hésitez pas à poser des questions à notre expert si vous souhaitez avoir des renseignements complémentaires sur cet article.

, Gynécologue-obstétricien
Adrien Gaudineau est Praticien Hospitalier au sein du Pôle de Gynécologie-Obstétrique de l'Hôpital Princesse Grace à Monaco. Il est plus particulièrement investi dans la prise en charge des...
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