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Journée mondiale de sensibilisation au Syndrome d’Alcoolisation Fœtale

L'alcool, ennemi n°1 de la femme enceinte

Un phénomène passé sous silence

L’alcool fait partie de notre environnement culturel en France, aussi est-il très difficile d’aborder les consommations à risque, quels que soient les publics concernés.

Les études révèlent que 28% des femmes de 18 à 25 ans connaissent plusieurs ivresses par an, 30% des femmes enceintes consomment encore de l’alcool occasionnellement. D’autres sont déjà dépendantes. Les femmes consomment de plus en plus d’alcool, et de plus en plus de substances toxiques.

Il faut savoir qu’une consommation qualifiée de « mésusage » par l’Organisation Mondiale de la Santé, deux verres par jour ou quatre verres par occasion, se transforme en consommation lourde dans le contexte d’une grossesse. Nous sommes encore trop nombreux à minimiser l’impact d’une consommation faible ou ponctuelle d’alcool sur la santé des enfants à naître.

Un colloque pour faire l’état des lieux

Pour relayer le message de santé publique à quelques jours de la journée mondiale, un colloque était organisé Mardi 6 Septembre au ministère des solidarités et de la santé, à l’initiative de la Camerup (Coordination des associations et mouvements d'entraide reconnus d'utilité publique) et de l’association Vivre avec le SAF.

Environ mille participants, médecins, éducateurs, psychologues, associations ont participé aux échanges. La ministre de la Santé, Agnès Buzyn et le président de la mission interministérielle de lutte contre les drogues et les conduites addictives (MILDECA), Nicolas Prisse ont rappelé en introduction la nécessiter de mobilisation contre un fléau évitable.

Le diagnostic est libérateur

Si votre enfant biologique ou adopté présente des troubles des apprentissages, du comportement, ce n’est pas forcément de la mauvaise volonté ou un trouble de l’attachement. Il peut avoir été exposé à l’alcool. Quand il y a un retard fonctionnel, ou un dysfonctionnement, l’enquête diagnostique doit se poursuivre jusqu’à la cause. Après avoir éliminé une cause génétique, des séquelles de grande prématurité, le pédiatre ou le généticien doit évoquer l’éventualité de l’exposition à un toxique durant la grossesse. Nommer la cause est la condition d’une prise en charge adaptée. Plus elle est précoce et plus l’enfant gagnera en autonomie. De plus, cela prévient le risque de récidive lors d’une prochaine grossesse, et limite le risque de sur-handicap pour l’enfant dont le cerveau a été lésé.

Comment mieux communiquer ?

Les experts considèrent que le pictogramme apposé sur les boissons alcooliques est peu visible. Une nouvelle campagne de communication a été lancée par Santé Publique France en direction des femmes enceintes et en âge de procréer, de leur entourage et des professionnels de santé de premier recours. Son message est parlant : « Vous buvez un peu, il boit beaucoup ».

La Cité des sciences a programmé samedi 9 septembre une projection/débat autour du magazine Envoyé spécial : Grossesse et alcool, sous le titre :« L'alcoolisation fœtale : troubles et malformations chez l'enfant à naître. Quels sont les risques ? »

Deux centres ressources sont expérimentés en Aquitaine et à la Réunion en attendant de pouvoir offrir un réseau national d’experts.

 

Neuf mois, c’est très rapide

Parce que toutes les grossesses ne se passent pas dans un monde idéal, si l’on a un problème d’alcool, des questions sur une consommation d’alcool ou d’autres substances, il ne faut pas tarder à consulter un addictologue.

Les produits qui posent problème lors d’une grossesse sont : l’alcool, le tabac, le cannabis, les opiacés, la cocaïne, les amphétamines, les benzodiazépines. Des consultations spécialisées existent dans beaucoup de maternités. Une écoute bienveillante, la certitude d’être accompagnée soutiennent la future maman. La peur du signalement n’est pas fondée, le professionnel de santé oriente simplement la prise en charge comme pour une autre grossesse à risque.

En cas de poly-consommation, l’urgence pour la protection de l’enfant, concerne l’alcool : un verre en moins, c’est des neurones en plus.

Les idées fausses 

« Si on ne boit pas tous les jours, cela n’a pas de conséquence »

« En dehors du premier trimestre, pas de problème »

« La bière favorise l’allaitement »

« Le tabac n'est plus dangereux pendant l’allaitement »

Ces phrases se passent de commentaire.

« Ca se verra à l’échographie, à la naissance », le handicap est souvent invisible, les troubles du neurodéveloppement ne sont pas caractéristiques, le diagnostic peut être tardif, retardant les mesures palliatives.

« Il suffit d’arrêter », le sevrage doit être accompagné, suivi médicalement pour éviter la souffrance fœtale.

Libérer la parole concernant l’alcool, interroger sa consommation réelle, c’est bien pour tous. Pendant la grossesse, aucune consommation de boissons alcoolisées n’est sans danger.

Plus que jamais, le message du "0 alcool pendant la grossesse" doit être rappelé.

, Docteur en pharmacie
Docteur en pharmacie, Sylvie Roy a exercé en officine. A la suite d'une formation juridique complémentaire, elle a travaillé à la Direction Générale de la Santé, dans la sous-direction...
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