Qu'est-ce qu'une fausse couche ?
La fausse couche est une interruption spontanée de la grossesse qui survient généralement dans les 3 premiers mois de la gestation. Plus rarement, elle intervient plus tard, à partir du 2e trimestre de grossesse. On parle alors de fausse couche tardive. A l'origine de cet événement toujours douloureux pour les parents en devenir : "tout un catalogue de facteurs", rappelle le Dr. Gilles Dauptain, gynécologue-obstétricien. Ainsi, "les fausses couches peuvent être dues à des facteurs mécaniques comme une malformation utérine, une béance du col ou des IVG à répétition causant un relâchement des fibres de l'isthme utérin. Elles peuvent aussi être imputables à une cause infectieuse comme une infection urinaire ou une listériose", précise-t-il. Par contre, elles sont beaucoup plus rarement d'origine hormonale ou chromosomique.
Quels sont les symptômes de la fausse couche ?
Les signes d'une fausse couche peuvent varier d'une femme à l'autre. Ainsi, certaines futures mères n'auront aucun symptôme d'alerte et la fausse couche sera découverte lors d'un contrôle échographique. D'autres remarqueront uniquement la disparition de signes de grossesse comme les nausées ou le gonflement des seins. Plus perceptibles, "des saignements et des douleurs au ventre peuvent laisser penser à une menace de fausse couche et doivent donner lieu à une consultation d'urgence," insiste le praticien. À noter toutefois : toutes les douleurs ne doivent pas vous inquiéter. En effet, "il n'est pas rare qu'en début de grossesse les futures mères ressentent des tiraillements comparables à des douleurs de règles. Celles-ci sont tout à fait normales". Par contre, si ces sensations s'intensifient ou simplement en cas de doute, n'hésitez pas à vous tourner vers votre gynécologue ou votre sage-femme.
Y a-t-il des facteurs contribuant à la fausse couche ?
Le tabagisme, la consommation de drogues, la pratique de sports à risques (parachutisme, cheval, motocross, etc.) sont autant de comportements pouvant favoriser l'avènement d'un avortement spontané. Moins évidentes, toutes les sources de grande fatigue au quotidien doivent aussi être évitées autant que possible. En effet, "le surmenage, la station debout, les manipulations de charges lourdes, les longs trajets ou le stress au travail peuvent aussi être préjudiciables à la grossesse," met en garde le Dr. Dauptain, rappelant par la même occasion qu'il n'y a pas de « traitement » à la menace de fausse couche autre que l'interruption de travail.
Est-il possible de limiter les risques de fausse couche ?
Dans les années 70, un traitement hormonal à partir de progestérone était très fréquemment prescrit pour éviter les fausses couches. Celui-ci est néanmoins progressivement tombé en désuétude, son efficacité n'ayant jamais vraiment été vérifiée. Aujourd'hui, la progestérone, généralement administrée par voie vaginale, est uniquement indiquée lors de l'accompagnement de la nidation en PMA et ce, jusqu'à 3 mois de grossesse.
En revanche, adopter une nouvelle hygiène de vie dès les toutes premières semaines de grossesse peut avoir des réelles vertus préventives de la fausse couche. Les conseils du Dr. Dauptain : éviter les comportements à risques, évidemment, mais aussi « se reposer autant que possible en essayant de s'allonger idéalement 2 heures le matin et 2 heures l'après-midi. Il peut aussi être bon de favoriser toutes les pratiques qui limitent le stress comme la sophrologie, la relaxation, etc. ».
Autre réflexe : repérer l'apparition d'une éventuelle infection urinaire. S'il est important de boire beaucoup d'eau (2 litres par jour environ jusqu'à l'accouchement), le praticien recommande aussi, en cas de terrain favorable aux infections, d'être particulièrement vigilante. « Pour compléter le suivi de grossesse, surtout au cours des premières semaines, il existe des bandelettes (Uristix®) permettant de rechercher les nitrites et les albumines dans les urines. Ces tests sont très simples à réaliser et peuvent être faits à la maison une fois par semaine, sur les conseils de votre gynécologue ou de votre sage-femme.»
Quel suivi après une fausse couche ?
Pour les parents, la fausse couche est toujours vécue comme une épreuve de vie bien douloureuse tant ces premières semaines avaient déjà été l'occasion de se visualiser dans un projet familial. D'un point de vue purement médical, aussi difficile soit-elle, une fausse couche unique ne nécessite généralement pas de prise en charge particulière. En revanche, « à partir de 3 fausses couches, un bilan approfondi doit être réalisé pour comprendre ces échecs de grossesse », souligne le Dr. Dauptain. « On réalise alors des sérologies pour identifier une éventuelle cause infectieuse, un examen clinique et échographique pour rechercher une cause mécanique aux fausses couches et plus particulièrement une béance du col. Enfin, le couple peut être amené à faire une consultation génétique et un caryotype pour rechercher une cause chromosomique aux fausses couches. Ce dernier revient toutefois généralement normal, » rassure le gynécologue. En fonction des résultats de ces examens, une prise en charge personnalisée est mise en place pour mener les prochaines grossesses à terme.