La grossesse, une période propice aux infections
Rhumes, rhinopharyngites, maux de gorge ou de tête... Les futures mamans ont parfois l'impression d'enchaîner les petites maladies pendant leur gestation. Et c'est normal ! En tout début de grossesse, l'implantation du fœtus constitue ce que les spécialistes de l'immunologie décrivent comme une greffe semi-allogénique, à savoir la greffe de deux individus de la même espèce qui ne partagent que la moitié de leur patrimoine génétique. Or, pour que cette greffe prenne, la future mère doit développer une forme de tolérance à l'égard de ce petit être en devenir que son organisme pourrait considérer comme un corps étranger. Dès lors, son système immunitaire s'adapte et les cellules internes (lymphocytes T, NK) qui éradiquaient jusque-là les cellules étrangères (virus, bactérie) sont temporairement moins efficaces.
Ajoutez à cela l'incompatibilité de certains médicaments usuels avec la grossesse et c'est non seulement la fréquence des infections usuelles, mais aussi leur traitement qui peuvent s'avérer complexes.
Avant les infections, la prévention !
Pour ne pas ajouter des maladies saisonnières (ou non) à ses petits maux du quotidien, la première solution reste donc la prévention. Et en la matière, les reflexes d'hygiène de vie usuels s'imposent plus encore pendant la grossesse qu'en temps normal. Se laver les mains régulièrement, éviter les contacts rapprochés avec des personnes malades et les espaces publics potentiellement source de contamination (crèches, transports en commun, etc.), se reposer régulièrement et conserver une alimentation équilibrée sont autant de gestes qui peuvent participer à éviter l'infection.
Pour aller plus loin ?
De plus, certains traitements de médecine complémentaires ou traditionnelles peuvent venir soutenir l'immunité. À tenter :
En homéopathie
- Thymuline 9 CH une fois par jour dès le début de l'hiver.
- Une dose de Serum de Yersin 9 CH et une dose d'Influenzinum 9 CH un dimanche sur deux de l'automne au printemps pour prévenir la grippe saisonnière. À noter : une vaccination peut être recommandée pour éviter les complications respiratoires et protéger le bébé à naître en hiver !
En acupuncture
Quelques séances ciblées sur les points liés à l'immunité peuvent être très efficaces.
En phytothérapie
Deux comprimés d'échinacée tous les matins en période de contagion.
Attention !
Qu'il s'agisse de médecine allopathique ou "alternative", pas d'automédication pendant la grossesse ! Une consultation chez le spécialiste s'impose pour personnaliser le traitement aux terrains, antécédents et besoins spécifiques de la future maman.
Identiquement, les huiles essentielles (potentiellement allergisantes et parfois complètement contre-indiquées) doivent être maniées avec la plus grande précaution :
- leur utilisation doit ainsi se limiter aux quelques huiles tolérées pendant la grossesse ;
- la prise ne doit jamais se faire par voie orale quel que soit le stade de la grossesse ;
- la diffusion doit être limitée à quelques minutes quand la pièce est vide ;
- l'application cutanée doit être réservée aux indications spécifiques du médecin.
Des désagréments bien connus... et de nouveaux traitements
Si malgré les précautions prises, la maladie s'installe, il existe, là encore, des pistes de prise en charge alternatives afin de remplacer les traitements allopathiques usuels quand ils sont contre-indiqués pendant la grossesse. Et plus particulièrement...
En cas d'infection ORL (rhinite, rhinopharyngite, otite, angine...)
S'il convient de différencier les infections virales et la rhinite de grossesse (une sensation de nez bouché qui s'installe dans le temps due à la formation d'œdèmes dans les voies ORL sous l'effet de l'imprégnation hormonale), les médecines complémentaires peuvent apporter un soulagement des troubles ORL loin d'être anodin. Et plus particulièrement...
En homéopathie
- Allium Cepa 5 à 9 CH, 3 granules 3 fois par jour en cas de rhume avec fort écoulement et éternuements.
- Kalium Muriaticum, 5 granules 2 à 4 fois par jour en cas de sensation de nez bouché (rhinite de grossesse).
- Capsicum ou Pyrogenium et Belladonna en cas d'otite selon son origine, sur les conseils du praticien.
En phytothérapie
- En cas de rhinite : une tisane à base de feuilles de thym et de rondelles de citron ou des inhalations de fleurs de camomille romaine et de menthe poivrée. À ne pas prendre en parallèle d'un traitement homéopathique.
- En cas d'angine : une tisane à base de feuilles de plantain et de ronces et de fleurs de bouillon blanc ou un gargarisme à base de feuilles de noyer, ronce et mauve. À ne pas avaler, évidemment ! La marche à suivre (pour les tisanes et les gargarismes) : après avoir préalablement nettoyé les plantes à l'eau froide, porter à ébullition 3 cuillères à café du mélange dans un litre d'eau et laisser infuser quelques minutes avant de consommer.
Attention !
Les traitements d'automédication des rhumes, rhinopharyngites (type Fervex®, Dolirhume®, etc.) ne sont pas conseillés en règle générale et contre-indiqués pendant la grossesse, tout comme certaines pastilles pour la gorge. À remplacer par de la propolis en gomme ou en pastille. De même, certains sprays nasaux à base d'eau de mer (quand ils ne sont pas isotoniques) peuvent être irritants. À utiliser sur indication du médecin uniquement.
Enfin, certaines maladies ORL comme l'otite ou l'angine peuvent être d'origine bactérienne et nécessiter la prescription d'un traitement antibiotique. Une consultation auprès du médecin généraliste est donc toujours indispensable en cas de suspicion de contamination !
En cas d'allergies respiratoires
Que l'on soit enceinte ou non, les allergies respiratoires peuvent être particulièrement pénibles en période de pollinisation. Heureusement, certains traitements antihistaminiques restent autorisés pendant la gestation. Toutefois, en cas d'incompatibilité de la prise en charge usuelle avec la grossesse, plusieurs pistes homéopathiques peuvent être préconisées.
- Poumon Histamine et Pollens 15 CH à raison d'une dose globule par semaine en période d'allergie.
- Euphrasia 5 CH si l'allergie se traduit par des picotements aux yeux.
- Nux Vomica 5 CH si l'allergie s'accompagne d'éternuements en salves.
- Allium Cepa 5 CH si l'allergie va de paire avec des écoulements nasaux très liquides.
La bonne posologie pour ces 3 derniers traitements: 5 granules, 2 à 6 fois par jour pendant 3 jours en période de crise allergique.
En cas de migraines
Si la plupart des traitements antimigraineux sont contre-indiqués pendant la grossesse, l'imprégnation hormonale fait (pour une fois) peser la balance en faveur de la maman ! En effet, la grande majorité des femmes enceintes verrait ses migraines disparaître pendant 9 mois. Et pour les moins chanceuses, les crises finissent généralement par s'estomper au deuxième trimestre avec l'évolution de l'équilibre hormonal. En attendant, quelques pistes peuvent, là encore, être creusées avec le praticien...
En homéopathie
Actae Racemosa, Cyclamen ou Nux Vomica, Iris Versicolor, Gelsemium, en fonction de la localisation de la douleur.
En phytothérapie
Une tisane à base de grande camomille et de reines des prés en alternance avec une décoction d'écorce de tilleul aubier le temps que la douleur passe. Attention : pour préparer une décoction, faire infuser 4 cuillères à soupe de la plante indiquée (après l'avoir préalablement nettoyée) dans un litre d'eau froide pendant une heure, puis porter à ébullition pour réduire jusqu'à environ un quart de litre.
À noter : l'acupuncture et l'ostéopathie peuvent également être préconisées si l'on soupçonne une atteinte structurale comme origine des maux de tête.
Attention !
La prise de paracétamol reste autorisée pendant la grossesse, mais elle doit se faire avec une grande parcimonie. La limite à ne pas dépasser : 2 à 3 comprimés de 500 mg par jour en cas de fièvre ou de douleurs... Sans oublier que comme toute molécule active, le paracétamol peut occasionner des réactions spontanées. Mieux vaut donc, si possible, s'en passer !